Politique




Un nouveau parti pro-Kabila suspendu pour « trahison »

KINSHASA – La machine administrative avance, implacable. Par un arrêté signé ce mardi 28 octobre 2025, le vice-premier ministre et…

Radio Okapi

KINSHASA – La machine administrative avance, implacable. Par un arrêté signé ce mardi 28 octobre 2025, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a suspendu les activités de l’Alliance des Travaillistes pour le Développement (ATD).
Le parti de José Makila Sumanda est accusé d’avoir participé, à Nairobi, à une réunion jugée « ennemie » de la nation.

Un lien présumé avec le camp Kabila et la rébellion du M23

Selon le gouvernement, la présence de l’ATD à ce conclave, organisé sous la houlette de Joseph Kabila, franchit une ligne rouge. L’ancien président, condamné à mort par contumace pour des faits liés à la rébellion du M23, incarne désormais la figure du « traître » aux yeux de Kinshasa.

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Le document ministériel, rédigé dans un ton inhabituellement virulent, ne se limite pas à un simple rappel des textes. Il dénonce une « philosophie d’agression du pays ».
Un conseiller de Kabila aurait déclaré que les objectifs du M23 et ceux de l’ancien chef de l’État « convergent ». En rejoignant ce courant, José Makila et son parti auraient porté atteinte à « l’unité nationale et à la souveraineté de l’État ».

Une offensive juridique contre l’ancien régime

La suspension de l’ATD s’inscrit dans une stratégie plus large. Depuis plusieurs mois, le pouvoir multiplie les actions contre les structures héritées du kabilisme.
Il y a quelques jours, le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe a signifié la suspension du PPRD, le parti historique de l’ancien président. Faute de siège officiel, la décision a été publiée au Journal officiel, une première dans les annales politiques du pays.

Déjà en avril, le gouvernement avait gelé les activités du PPRD. Il reprochait à Kabila son « silence complice » face à l’agression rwandaise dans l’Est, assimilé à une approbation tacite.

Une guerre politique à fronts multiples

La suspension de l’ATD confirme la stratégie de neutralisation totale du camp Kabila. En frappant successivement le PPRD puis l’ATD, Kinshasa ferme toute voie de reconstitution de l’opposition autour de l’ancien régime.
Le dialogue de Nairobi, considéré comme une tentative de front commun anti-gouvernemental, est désormais assimilé à un acte de trahison.

La guerre ne se limite plus aux collines du Nord-Kivu. Elle s’étend désormais au terrain politique et juridique. Le pouvoir utilise la loi comme une arme, redéfinissant, à coups d’arrêtés, les limites de l’opposition tolérée.
Pour l’ATD, la suspension marque peut-être la fin d’une ère — ou le début d’une nouvelle bataille.

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