PolitiquePolitique, Sécurité




Tshisekedi : « Le Rwanda attaque déjà après l’accord de Washington »

Le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, a prononcé ce lundi 8 décembre 2025 son septième discours sur…

Journal de Kinshasa

Le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, a prononcé ce lundi 8 décembre 2025 son septième discours sur l’état de la Nation devant le Parlement réuni en Congrès. Dans une adresse forte et émotionnelle, il a dénoncé de nouvelles attaques attribuées au Rwanda survenant « au lendemain même » de la signature de l’accord de paix de Washington, et réaffirmé avec fermeté la souveraineté congolaise sur ses minerais stratégiques.

« Au lendemain même de la signature, des attaques depuis Bugarama »

Le chef de l’État a condamné avec une sévérité rare les « nouvelles attaques menées depuis la ville rwandaise de Bugarama contre les populations congolaises de Katogota et des localités environnantes, dans la province du Sud-Kivu ». Il a parlé d’une « violation flagrante du cessez-le-feu », pourtant établi après la signature de l’accord de paix de Washington le 4 décembre.

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



« Au lendemain même de la signature, des unités des Forces de défense du Rwanda ont conduit et appuyé des attaques à l’arme lourde tirées depuis la ville rwandaise de Bugarama, provoquant de lourds dégâts humains et matériels », a déclaré Tshisekedi, accusant ainsi directement Kigali de trahir ses engagements pris à Washington.

« Une guerre d’agression par procuration » pour les minerais

Le président congolais a livré une analyse sans concession des motivations du conflit : « Qu’on ne s’y trompe pas : nous ne sommes ni face à un simple conflit communautaire, ni devant une rébellion interne de plus. Il s’agit d’une guerre d’agression par procuration visant à contester notre souveraineté sur un espace hautement stratégique, riche en minerais critiques ».

Tshisekedi a décrit les actions du M23 soutenu par le Rwanda comme « une entreprise organisée de prédation de nos ressources naturelles et de déstabilisation de nos institutions », accompagnée de « violations graves et systématiques des droits humains : exécutions sommaires des civils innocents, violences sexuelles érigées en méthode de combat et déplacements forcés de communautés entières ».

Washington : « Aucun partage de notre souveraineté »

Face aux interrogations sur la portée des accords de Washington, le président a tenu à rassurer : « Permettez-moi d’être parfaitement clair : ces accords ne consacrent aucune forme de partage de notre souveraineté. Ils ne valident ni les prétentions territoriales de qui que ce soit, ni le bradage de nos ressources. »

Il a ajouté avec fermeté : « Ils ne sauraient non plus être interprétés comme une amnistie déguisée des crimes perpétrés contre notre peuple. La justice suivra son cours, avec rigueur, jusqu’au bout, et sans complaisance. »

Quatre priorités pour la paix

Le chef de l’État a énoncé quatre priorités pour sortir de la crise :

  1. « Obtenir le retrait total et vérifiable de toute force armée étrangère opérant sur notre territoire »

  2. « Couper les circuits financiers et logistiques de la violence » en éradiquant l’exploitation illicite des ressources

  3. « Assurer la protection effective des civils », particulièrement femmes et enfants

  4. « Ancrer la paix dans la durée » par une combinaison de fermeté sécuritaire et de développement local

Hommage aux victimes et appel à l’unité

Dans un moment d’émotion, Tshisekedi s’est incliné « devant la mémoire de toutes les victimes des conflits et des violences qui ont, encore cette année, endeuillé nos familles, particulièrement à l’Est de la République ». Aux déplacés et blessés, il a assuré : « Votre souffrance ne nous est ni étrangère ni indifférente ; l’État est, et restera à vos côtés. »

Il a conclu par un appel à l’unité nationale : « Notre histoire nous a appris deux choses simples : nous ne sommes jamais condamnés et nous ne sommes grands que rassemblés. […] Choisissons un Congo qui n’attend plus, mais qui avance — en paix, en justice et en solidarité. »

Ce discours intervient dans un contexte de tension extrême entre Kinshasa et Kigali, malgré la signature récente de l’accord de Washington. Les accusations directes de Tshisekedi contre le Rwanda, ainsi que sa ferme défense de la souveraineté congolaise sur les minerais, montrent que la route vers la paix reste semée d’obstacles, malgré les efforts diplomatiques internationaux.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP