La décision est tombée ce mardi 21 octobre, à l’issue d’une réunion inter-organes dont l’enjeu dépassait les simples querelles de appareil. Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), pilier historique de l’ancien régime, a officiellement rallié la bannière. Sous la double présidence d’Aubin Minaku et d’Emmanuel Ramazani Shadary, le parti a annoncé son adhésion totale au mouvement « Sauvons la RDC », cette plateforme née dans le secret feutré d’un conclave à Nairobi, sous le parrainage incontesté de Joseph Kabila.
Le communiqué final, porté par la voix d’Aristote Ngarime, est sans équivoque. Le PPRD « souscrit et encourage » la nouvelle feuille de route, et en appelle au soutien massif du peuple pour « sauver la République ». Les mots sont forts, choisis avec soin. Il ne s’agit plus seulement de s’opposer, mais de « reconquérir le pouvoir par la voie démocratique ». Une formule qui sonne comme une déclaration de guerre politique adressée directement au pouvoir de Félix Tshisekedi.
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La Constitution, ligne de front politique
Dans la même salle, les cadres du parti se sont livrés à un « réarmement moral ». Le mot est lâché, teinté d’une urgence martiale. Premier ordre de mobilisation : la défense acharnée de la Constitution du 18 février 2006. Le PPRD brandit la Loi fondamentale comme un étendard et fustige toute velléité de révision, qualifiée sans ambages d’« initiative inopportune et suicidaire ». La bataille pour le pouvoir se dessine déjà comme une bataille pour l’âme juridique de la nation.
L’appel de Nairobi, un catalyseur d’alliances
Cette prise de position ne tombe pas du ciel. Elle fait écho à l’appel lancé quinze jours plus tôt depuis la capitale kényane. Du 14 au 15 octobre, autour de la figure tutélaire de Joseph Kabila, un aréopage de politiques et de membres de la société civile avait dressé un diagnostic sans appel : la RDC vit une « crise multiforme », minée par les « dérives » et la « restriction de l’espace démocratique ». Face à ce qu’ils dépeignent comme une tyrannie, ils ont proposé une antidote : le dialogue, mais pas n’importe lequel. Un dialogue « inclusif et sincère », par opposition au « monologue » qu’ils prêtent au président Tshisekedi.
La manœuvre est en marche. Tandis que le PPRD s’aligne à Kinshasa, une autre réunion de la famille Kabila se prépare, cette fois sous l’égide du Front commun pour le Congo (FCC). Les pièces de l’échiquier oppositionnel se mettent en place, lentement mais sûrement, orchestrées depuis Nairobi. « Sauvons la RDC » n’est plus un simple slogan ; c’est désormais le nom d’une machine politique qui se veut fédératrice, et dont l’ombre commence à s’étendre, longue et menaçante, sur les rives du fleuve Congo.