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« Sans l’armée congolaise, le Rwanda n’existerait pas » : le coup de gueule d’un ministre

Uvira, le 15 septembre - La déclaration a fait l'effet d'une grenade dégoupillée dans le paysage diplomatique déjà tendu de…

Uvira, le 15 septembre – La déclaration a fait l’effet d’une grenade dégoupillée dans le paysage diplomatique déjà tendu de la région. Eliezer Ntambwe, ministre délégué aux Anciens combattants, a affirmé ce lundi que plusieurs pays devaient leur existence même à l’armée congolaise. Un révisionnisme historique qui pourrait bien enflammer les relations entre Kinshasa et ses voisins.

Une leçon d’histoire géopolitique en forme de provocation

Devant la dépouille du colonel Michel Mbavu Dogo, figure de la résistance congolaise, le ministre a livré une version pour le moins personnelle de l’histoire continentale. « Grâce à l’armée congolaise, le Rwanda existe, l’Ouganda existe, la Tanzanie existe et l’Éthiopie existe. Même la Belgique a été sauvée par cette force publique ».

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Ces propos, prononcés lors d’une cérémonie d’hommage à Uvira, dans l’est troublé de la RDC, semblent vouloir réécire les livres d’histoire. Le ministre convoque le passé pour mieux légitimer les revendications présentes de son pays.

La quête d’une reconnaissance internationale

Derrière la provocation apparente se cache une demande plus fondamentale : celle de la reconnaissance. « Nous attendons que ces nations nous remercient pour le sacrifice de nos soldats », a insisté Ntambwe. Cette sortie intervient dans un contexte de tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M23.

Le ministre répond ainsi aux perceptions qu’il juge dévalorisantes de l’armée congolaise. « Mettez les Congolais dans de bonnes conditions, ils vous montreront de quoi ils sont capables », lance-t-il, défiant ceux qui doutent des capacités des FARDC.

Entre révisionnisme historique et realpolitik

Si les affirmations du ministre peuvent sembler excessives, elles s’inscrivent dans une tradition congolaise de réclamation d’une dette historique. La RDC, riche en ressources mais minée par les conflits, cherche par tous les moyens à affirmer sa souveraineté et son importance géostratégique.

Cette déclaration pourrait cependant compliquer davantage les relations déjà tendues avec les pays voisins. Le Rwanda, particulièrement visé, n’a pas encore réagi officiellement à ces propos.

Alors que l’est de la RDC reste en proie à la violence, les mots du ministre Ntambwe jettent de l’huile sur le feu des tensions régionales. Entre quête de reconnaissance et realpolitik agressive, Kinshasa semble choisir la confrontation verbale comme instrument de sa diplomatie. Reste à savoir si cette stratégie servira les intérêts congolais ou alimentera les cycles de méfiance qui minent la région depuis des décennies.

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