GENÈVE – Derrière les beaux discours diplomatiques, une réalité cruelle persiste : des centaines de milliers de Congolais errent en exil tandis que leur terre natale reste sous la coupe de combattants. À la tribune des Nations Unies, Kinshasa a jeté un pavé dans la mare en posant des conditions inflexibles pour le retour de ses réfugiés.
Les trois lignes rouges de Kinshasa
La position congolaise, portée par le vice-Premier ministre Jacquemain Shabani à Genève, est sans équivoque : pas de retour sous la botte du M23. Le gouvernement exige trois préalables non-négociables :
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Un cessez-le-feu effectif
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La restauration de l’autorité de l’État congolais
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La vérification de la nationalité des candidats au retour
« Ce retour que nous souhaitons durable devra être accompagné des activités de réintégration et de reconstruction post-conflit », a précisé le ministre, soulignant la nécessité d’une « cohabitation pacifique » entre rapatriés et communautés locales.
L’énorme défi humanitaire
Les chiffres donnent le vertige. Rien qu’en Ouganda, plus de 600 000 Congolais survivent dans des camps de réfugiés. Neuf pays voisins au total abritent des exilés fuyant les violences dans l’Est de la RDC.
Pendant ce temps, sur le terrain, la rébellion du M23 – soutenue selon Kinshasa par Kigali – continue son expansion. Un terrible paradoxe : plus le conflit s’étend, plus le nombre de déplacés augmente, et plus le retour devient impossible.
Les accord qui n’avancent pas
La situation est d’autant plus frustrante qu’un accord tripartite RDC-Rwanda-HCR a été signé il y a trois mois à Addis-Abeba. Objectif affiché : faciliter le rapatriement volontaire. Mais sur le terrain, rien ne bouge.
La question des réfugiés reste l’une des pommes de discorde les plus explosives entre Kinshasa et Kigali, capable à elle seule de faire capoter les processus de paix américain et qatari.
Alors que les diplomates débattent à Genève, des milliers de familles congolaises attendent dans la précarité. Leur espoir ? Que la communauté internationale trouve la clé pour briser l’impasse. Leur crainte ? Que leur exil ne devienne… éternel.