L’instruction devient réalité. Dans un courrier officiel daté du 5 septembre et reçu ce lundi 9 septembre, la banque commerciale Rawbank a confirmé avoir exécuté l’extourne de 19,9 millions de dollars américains vers un compte du ministère de la Justice. Une opération financière d’envergure, réalisée sur réquisition du Parquet général près la Cour de cassation, qui marque un tournant concret dans l’épineuse affaire de détournement ayant impliqué l’ancien ministre Constant Mutamba.
Le mécanisme, décrit avec une précision comptable, est sans équivoque : la somme a été débitée du compte de la société Zion Construction (N° 01145175001-47/USD) pour être créditée sur le compte intitulé « Ministère de la Justice V/C FRIVAO » (N° 05101-01024845401-28/USD). Les responsables de Rawbank, Gracia Subila et Sandrine Dia, ont joint la pièce comptable en bonne et due forme, garantissant ainsi la pleine traçabilité de l’opération.
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Une réquisition judiciaire exécutée sans délai
Cette manœuvre s’inscrit dans le strict cadre de la réquisition N°3080/RMP V/0221/PGCCAS/WB/VON/KAL/2025, émise par le parquet dirigé par le procureur général Firmin Mvonde Mambu. Elle démontre la détermination des autorités judiciaires à suivre et sécuriser les mouvements financiers sensibles, notamment ceux liés à des fonds publics préalablement détournés.
L’ombre de l’affaire Mutamba et de la prison fantôme de Kisangani
Ce rapatriement massif de fonds n’est pas anodin. Il intervient moins d’une semaine après la condamnation définitive de l’ex-ministre de la Justice Constant Mutamba à trois ans de travaux forcés pour le détournement de cette même somme — initialement allouée à la construction d’une prison à Kisangani.
Si le procureur général avait requis dix ans de travaux forcés, la Cour a retenu que Mutamba avait agi « avec l’intention d’enrichir frauduleusement la société Zion Construction », sans preuve formelle d’un enrichissement personnel direct. Un verdict qui avait suscité des tensions et des accusations de partialité, jusqu’à perturber le déroulement des audiences.
Rawbank, acteur d’une transparence forcée
Par cette confirmation écrite, Rawbank, établissement agréé depuis l’an 2000, réaffirme sa collaboration avec la justice congolaise et son rôle dans l’assainissement financier du pays. Elle valide une procédure qui dépasse la simple exécution bancaire pour incarner un signal fort dans la lutte contre la corruption.
La boucle est donc bouclée, du moins sur le plan financier : les 19,9 millions de dollars sont officiellement revenus dans les caisses de l’État. Reste à savoir si ce retour marquera un vrai tournant dans la gestion des deniers publics ou s’il ne sera qu’un épisode isolé dans le long combat pour la transparence en RDC.