KINSHASA – Son silence était aussi lourd que ses aveux. Ce mardi 28 octobre, devant le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa, Honorine Porsche Mukuna Onake, accusée d’avoir braqué l’agence RawBank de la Place de la Victoire, a reconnu l’ensemble des faits. Mais dans sa bouche, le récit du forfait prend des allures de cri d’alarme.
« C’est la souffrance qui m’a conduit à poser cet acte », a-t-elle déclaré, le regard droit, face à des juges en uniforme. Cette mère de quatre enfants, de nationalité allemande, raconte une chute : des dettes « énormes » en Europe – 20 000 euros –, l’impossibilité de nourrir sa famille, puis ce voyage au pays natal dans l’espoir d’une aide.
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Son ultime recours ? Denise Nyakeru, la Première dame. « Ma grande sœur m’a conduit à la Fondation Denise. On m’a fermé la porte. » Le rejet, puis la dépression. « Au bout de l’espoir », elle achète « un jouet d’arme » – une réplique – et passe à l’acte, seule. « Je ne voulais faire du mal à personne. »
Dans le box, elle tente d’innocenter les autres prévenus : deux policiers, deux agents de gardiennage, tous inconnus pour elle. « J’ai pitié pour ces gens traînés ici. Ils n’y sont pour rien. » Même le motard qui l’a conduite ignorait tout, affirme-t-elle. Quant à l’argent volé, il aurait été « pillé par les éléments de la Police » intervenus sur les lieux.
Une affirmation qui a poussé le parquet à réclamer l’audition de la police militaire et de la Task Force. Le major magistrat Radjabu a sollicité leur comparution pour « éclairer le tribunal sur la destination de l’argent cambriolé ».
Désormais, sept noms figurent dans cette affaire née le 16 octobre dernier. Cinq présents, deux en fuite – Kapi et Benjamin. Tous sont poursuivis pour association de malfaiteurs, vol à main armée et… terrorisme.
Mais au-delà des charges, le procès d’Honorine Porsche est devenu celui d’une certaine misère sociale. Celle qui pousse une mère au bout d’elle-même, celle qui transforme un jouet en arme et un acte désespéré en crime militaire. La justice, désormais, doit trancher : jugera-t-elle la délinquante ou la détresse ?
