Quand les cambistes prennent le pas : la BCC sonne l’alarme sur le marché des devises

KINSHASA – Le coup de semonce est tombé. Dans un avis public signé par son Premier Vice-Gouverneur, Dieudonné Fikiri Alimasi, la…

KINSHASA – Le coup de semonce est tombé. Dans un avis public signé par son Premier Vice-Gouverneur, Dieudonné Fikiri Alimasi, la Banque Centrale du Congo (BCC) déclare la guerre aux pratiques spéculatives qui déstabilisent le marché des changes. Alors que le franc congolais connaît une embellie face au dollar, certains cambistes persistent à afficher des taux « déconnectés de la réalité », creusant un écart abyssal entre le cours officiel et le marché parallèle.

Le constat est sans appel : pendant qu’un dollar s’échange à 2 275 francs congolais selon le taux indicatif de la BCC, le marché parallèle, lui, propose des taux oscillant entre 1 700 et 1 800 FC. Une différence qui permet à certains opérateurs de réaliser des bénéfices jugés « indécents » – jusqu’à 50 000 FC sur un simple billet de 100 dollars.

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La BCC passe à l’offensive

Face à ces dérives, la Banque Centrale rappelle l’existence de l’instruction administrative n°007, qui encadre strictement les opérations de change manuel. Ce texte interdit notamment l’affichage des taux à l’extérieur des bureaux de change, une pratique accusée d’alimenter la spéculation « sur la voie publique ».

Mais cette fois, l’avertissement s’accompagne d’une menace concrète : la BCC annonce le « déploiement imminent de ses services de contrôle » et promet des sanctions pouvant aller « jusqu’au retrait de l’agrément » pour les contrevenants. Après la phase de sensibilisation en mai 2024, place désormais à la répression.

La police en première ligne

En appui à cette offensive, la Police nationale congolaise intensifie ses opérations sur le terrain. Objectif : traquer les « cambistes récalcitrants » qui refusent d’appliquer le taux officiel. Le gouvernement envisagerait même de déployer des agents « apparents et non apparents » pour mettre fin à ce qu’il qualifie de « braquage des citoyens ».

Cette mobilisation des forces de l’ordre témoigne de la détermination des autorités à assainir un marché des changes où la confusion règne en maître. Les pratiques spéculatives ne perturbent pas seulement l’économie ; elles entretiennent un climat de défiance préjudiciable à la stabilité monétaire.

Un enjeu de souveraineté économique

Derrière cette bataille technique se cache un enjeu plus fondamental : la capacité de l’État à imposer sa souveraineté monétaire. La BCC l’affirme sans détour : elle veut « garantir la stabilité et la transparence » d’un marché essentiel à l’économie congolaise.

La population est invitée à jouer son rôle en effectuant ses opérations de change uniquement auprès des institutions agréées, dont la liste est disponible sur le site de la Banque Centrale. Un réflexe citoyen qui pourrait contribuer à assécher le marché parallèle.

Alors que le franc congolais montre des signes de fermeté, les autorités entendent bien profiter de cette dynamique pour reprendre le contrôle d’un marché trop longtemps laissé à lui-même. La guerre des changes ne fait que commencer.

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