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Procès Kabila : la Haute cour militaire se réserve pour délibérer sur les crimes de guerre et la nationalité de l’ex-président

L’heure du verdict approche, mais pas encore celle de la sentence. Vendredi, la Haute cour militaire de la RDC a mis…

L’heure du verdict approche, mais pas encore celle de la sentence. Vendredi, la Haute cour militaire de la RDC a mis en délibéré l’affaire historique opposant le parquet général et les parties civiles – les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri – à l’ancien président Joseph Kabila. Jugé pour participation à un mouvement insurrectionnel, crime de guerre et crime contre l’humanité, l’ex-chef de l’État devra attendre que la cour rende sa décision « dans le délai légal », a annoncé le premier président Joseph Mutombo.

Les derniers débats, avant que la cour ne se retire, ont été tendus et ont ravivé une question ultrasensible : celle de la nationalité congolaise de l’accusé. Me Jean Marie Kabengela, avocat des parties civiles, a assuré que la dénégation de nationalité invoquée contre Kabila « n’est pas une invention des avocats de la République », mais s’appuie sur des déclarations publiques de personnalités politiques et intellectuelles congolaises.

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La nationalité, un enjeu central et symbolique

L’avocat a cité nommément plusieurs figures qui ont, selon lui, ouvertement douté de la nationalité congolaise de Kabila : le professeur Ngoy Mukena, Moïse Katumbi, Willy Mishiki, Vital Kamerhe, Honoré Ngwanda, Jean-Pierre Bemba – ce dernier lors d’une déclaration sur Top Congo FM en juin 2025 –, ainsi que l’écrivain Va Lengi Ngemi. Autant de nêmes qui pèsent lourd dans le débat public congolais.

« Il n’y a pas à douter que Kabila est Rwandais et qu’il est venu en RDC en tant qu’espion », a soutenu Me Kabengela, reprenant une thèse largement répandue dans certains milieux politiques et sur les réseaux sociaux, mais toujours vivement contestée par les soutiens de l’ancien président.

Un procès aux ramifications politiques profondes

Au-delà de la question de la nationalité, le procès de Joseph Kabila représente un moment sans précédent dans l’histoire judiciaire de la RDC. Jamais un ancien chef de l’État n’avait été traduit devant une cour pour des charges aussi graves : participation à un mouvement insurrectionnel, crime de guerre et crime contre l’humanité – des accusations liées à l’instabilité persistante dans l’Est du pays.

La décision de la Haute cour militaire, lorsqu’elle sera rendue, aura donc une portée bien au-delà du seul dossier juridique. Elle pourrait réécrire les règles de la responsabilité politique et judiciaire des dirigeants en RDC, et marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité.

Délibéré sous haute tension

La cour s’est dit « suffisamment éclairée » pour rendre sa décision. Mais dans un climat politique already surchauffé, chaque mot du verdict sera disséqué, analysé, et instrumentalisé.

Joseph Kabila, qui a toujours nié les accusations et dénoncé une justice aux ordres, attend désormais son sort. Ses partisans crient déjà à la persécution politique ; ses accusateurs, eux, espèrent que ce procès fera enfin lumière sur les années de violence et d’instabilité qui ont marqué la fin de son règne.

Une chose est sûre : quel que soit le verdict, il ne laissera personne indifférent. Et il écrira une nouvelle page – judiciaire, politique et historique – de la jeune démocratie congolaise.

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