Politique




Nairobi, nouveau QG de l’opposition Congolaise

NAIROBI – Ils se sont donné rendez-vous dans la discrétion des hôtels kényans. Ce mardi 14 octobre, l'ancien président Joseph Kabila…

NAIROBI – Ils se sont donné rendez-vous dans la discrétion des hôtels kényans. Ce mardi 14 octobre, l’ancien président Joseph Kabila a ouvert un conclave de deux jours réunissant une frange de l’opposition congolaise. Une rencontre qui tient du défi : son initiateur a été condamné à mort par contumace il y a quelques semaines par la justice militaire congolaise pour « trahison, apologie du terrorisme et participation à un mouvement insurrectionnel ».

Le retour des fidèles

Autour de l’ancien chef de l’État, on trouve les fidèles du Front commun pour le Congo (FCC). La liste des présents ressemble à un who’s who de l’ancien régime : José Makila, Raymond Tshibanda, Moïse Nyarugabo, et jusqu’à l’ancien premier ministre Matata Ponyo, condamné à dix ans de prison puis disparu de la circulation. Tous ont répondu présent à l’appel de leur leader, en terre kényane.

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Pourtant, cette réunion de « famille » masque mal les fractures de l’opposition congolaise. Absents de marque : Moise Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga ou Jean Marc Kabund. Leur boycott dessine les limites de l’influence de Kabila, qui ne parvient à rassembler qu’une partie de la mouvance anti-Tshisekedi.

Un dialogue sous tension

Officiellement, l’objectif affiché est noble : « écouter tout le monde et proposer des idées pour la sortie de crise actuelle ». Mais dans le contexte brûlant de l’est de la RDC, où la rébellion AFC/M23 – que Kinshasa accuse Kabila de soutenir – affronte l’armée congolaise, chaque mot pèse son poids de suspicions.

Le choix de Nairobi comme terre d’accueil n’est pas innocent. Il s’inscrit dans une longue série de tensions diplomatiques entre la RDC et le Kenya. Depuis les propos insultants de William Ruto en 2022 – qualifiant les Congolais de « chanteurs » sans « une seule vache » –, les relations n’ont cessé de se dégrader.

Les conséquences diplomatiques

Kinshasa accuse Nairobi de complaisance envers les rebelles. Le refus du Kenya d’arrêter Corneille Nangaa lors de l’annonce de la création de l’AFC/M23 en décembre 2023, puis la nomination contestée d’un consul à Goma en août 2025, ont achevé de tendre les rapports entre les deux capitales.

Pour Kabila, ce rassemblement est un double pari. D’abord, redonner une visibilité à une opposition en exil, à quelques mois de la fin du mandat de Tshisekedi. Ensuite, tester la solidité des alliances régionales dans un contexte où la crise sécuritaire à l’est mobilise toutes les attentions.

Mais la manœuvre est périlleuse. En s’affichant à Nairobi, Kabila risque de conforter les accusations de collusion avec des puissances étrangères hostiles à Kinshasa. Sa condamnation à mort plane comme une ombre sur les discussions, rappelant que le dialogue se noue désormais sous la menace du peloton d’exécution.

Alors que les délégués planchent sur « des idées pour la sortie de crise », une question demeure : ce conclave kényan est-il le prélude à une réunification de l’opposition ou le chant du cygne d’un homme politique acculé ? La réponse se joue peut-être moins dans les salles climatisées de Nairobi que sur les collines du Nord-Kivu, où le sort de la RDC se décide dans le bruit des armes.

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