À peine quelques jours après la signature d’un cessez-le-feu fragile à Washington, le mouvement rebelle AFC/M23 rejette avec virulence les accusations de massacres formulées par le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH).
Dans un communiqué publié ce vendredi 8 août, le M23 dénonce un rapport qu’il juge « non fondé », « contradictoire » et « politiquement motivé », qualifiant les affirmations de l’ONU de « graves atteintes à sa crédibilité ». Le rapport, daté du 6 août, impute au M23 la mort de 169 à 319 civils entre le 9 et le 21 juillet 2025, dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu.
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Des témoignages jugés « compromis »
Selon l’ONU, les crimes présumés incluraient exécutions sommaires, disparitions forcées, et destructions massives de villages. Des accusations fermement rejetées par le M23, qui remet en cause la méthodologie employée par les enquêteurs : celle-ci s’appuierait, selon lui, sur des témoignages non corroborés émanant de sources compromises, notamment les milices Wazalendo et les FDLR, régulièrement accusées elles-mêmes de crimes graves.
Le M23 souligne que certaines zones mentionnées dans le rapport se situent dans le parc national des Virunga, où toute activité civile est interdite, ce qui, selon lui, invaliderait plusieurs éléments du dossier.
Une contre-accusation dirigée vers Kinshasa
Dans une démarche offensive, l’AFC/M23 accuse à son tour le gouvernement congolais de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, citant notamment les massacres de populations Banyamulenge et Hera, ainsi que des bombardements de zones civiles.
Le mouvement exige le retrait immédiat du rapport, des excuses publiques de l’ONU, et la mise en place d’une enquête indépendante. Il se dit toujours engagé à protéger les populations civiles et dénonce une instrumentalisation politique des mécanismes internationaux de justice.
Vers une remise en question du cessez-le-feu signé à Washington ?
La publication de ce rapport intervient dans un contexte diplomatique délicat, quelques jours seulement après la signature d’un accord de cessez-le-feu à Washington, sous la médiation des États-Unis, du Qatar, et de l’Union africaine. Cet accord, présenté comme une avancée majeure, semble déjà fragilisé.
La méfiance réciproque entre Kinshasa et le M23, aggravée par ces accusations, compromet sérieusement la mise en œuvre du processus de paix. Si les tensions persistent, la promesse de désescalade dans l’Est du Congo pourrait rapidement tourner court.