Kagame : « Le Rwanda n’est pas le problème, il veut la paix »

Kigali, Rwanda — Devant les nouveaux membres de son gouvernement prêtant serment ce jeudi, le président rwandais Paul Kagame a livré…

Journal de Kinshasa

Kigali, Rwanda — Devant les nouveaux membres de son gouvernement prêtant serment ce jeudi, le président rwandais Paul Kagame a livré une défense vigoureuse et inhabituellement personnelle face aux accusations internationales. Il a rejeté en bloc la narration selon laquelle le Rwanda serait responsable de la reprise des combats dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) après la signature des accords de paix du 4 décembre.

Rejet des accusations et contre-offensive diplomatique

« Lorsque j’entends des discussions laissant entendre que le problème actuel serait né après la signature des accords […] et que tous les problèmes seraient imputés au Rwanda, je ne comprends pas cela », a-t-il déclaré, la voix empreinte d’une frustration palpable. Pour Kagame, cette lecture des événements est un « mensonge ». « Comme si, quand nous avions signé, tout était au beau fixe et qu’à notre retour il y avait eu ces combats. Ce n’est pas vrai. »

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Le président a retourné l’accusation, pointant du doigt la présence massive, selon lui, de troupes burundaises en RDC. Il a affirmé que « des milliers de militaires burundais » avaient traversé la frontière et se trouvaient à Minembwe, Kalemie, Kindu, Walikale et jusqu’à Kisangani. « Ils ont plus de 20 000 militaires. Nous nous demandons pourquoi tous ces militaires burundais sont partis en RDC. […] Ils sont en train de tuer des gens à Minembwe en bombardant la population avec des armes et des drones. »

La paix comme argument et la légitimité de la défense

Cette offensive rhétorique sert de justification indirecte à la prise d’Uvira par le M23, un groupe soutenu par Kigali selon les experts internationaux. Kagame a laissé entendre que cette action était une réponse à un vide sécuritaire et à une crise humanitaire ignorée. « Les gens ont crié au secours, mais personne n’est venu les aider », a-t-il répété, évoquant notamment la situation des Banyamulenge.

Le cœur de son plaidoyer a tourné autour de la notion de paix et de la légitimité de la défense. « Je ne sais pas s’il y a des personnes qui désirent la paix autant que nous au Rwanda […] Nous connaissons ce que signifie ne pas avoir la paix. Nous avons vécu de nombreux moments sans paix et nous avons perdu des gens. »

Il s’en est aussi pris à un argument qu’il dit entendre souvent de la part de partenaires internationaux : celui que le Rwanda, parce qu’il est « fort », devrait « rester les bras croisés ». « Notre force est modeste, si ce n’est notre capacité à nous défendre. […] Dire qu’être « fort » signifie ne pas se défendre, je ne comprends pas. C’est illogique. »

Enfin, Paul Kagame a réfuté l’idée que son pays doive endosser les fardeaux régionaux. « Je ne comprends pas […] avons-nous été créés pour porter nos problèmes et ceux des autres ? Je ne suis pas d’accord. »

Ce discours constitue la réponse la plus directe et la plus élaborée de Kagame depuis la chute d’Uvira. Il déplace habilement le débat de la violation d’un accord vers un récit complexe d’insécurité régionale, de légitime défense et de défaillances congolaises et internationales, tout en présentant le Rwanda comme une nation martyr aspirant uniquement à la paix qu’on lui refuse.

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