KINSHASA – Le geste est lourd de symbole. Ce jeudi 6 novembre, le député Gratien de Saint-Nicolas Iracan a déposé sa candidature au poste de Rapporteur adjoint de l’Assemblée nationale. Un pari audacieux pour cet élu de Bunia, récemment radié du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, qui tente aujourd’hui d’écrire un nouveau chapitre de sa carrière politique.
Un candidat en terrain miné
Dans les couloirs feutrés du Palais du Peuple, l’annonce a fait l’effet d’une petite bombe. Saint-Nicolas Iracan se présente en indépendant pour un poste réservé à l’opposition, affirmant ainsi sa rupture définitive avec son ancienne famille politique. « Je revendique désormais une indépendance totale », confie-t-il, sans amertume apparente.
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Pourtant, le chemin vers la vice-rapoporture s’annonce semé d’embûches. L’homme conserve son mandat de député national, mais doit désormais composer sans le soutien de la machine politique qui l’avait porté au pouvoir. Un exercice d’équilibriste dans l’arène parlementaire congolaise, où les allégeances comptent souvent plus que les compétences.
Un processus électoral sous tension
La course aux postes clés du bureau de l’Assemblée nationale suit un calendrier précis, presque militaire. Du dépôt des candidatures à l’élection finale, chaque étape est scrutée à la loupe. Les candidats doivent remplir des conditions strictes : lettre d’investiture, pièce d’identité, photo, CV détaillé avec serment sur l’honneur.
Le député Jacques Djoli a lu le chronogramme en plénière, rappelant l’urgence de la situation. Les élections interviennent après les démissions forcées de Vital Kamerhe et Dominique Munongo, emportés par une pétition de destitution. L’Assemblée cherche à tourner la page, mais les cicatrices restent vives.
La bataille de l’opposition
Si la majorité parlementaire a déjà choisi son candidat unique en la personne d’Aimé Boji pour la présidence, le camp de l’opposition reste divisé sur le poste de Rapporteur adjoint. Saint-Nicolas Iracan y voit une opportunité : celle de s’imposer comme une voix indépendante capable de rassembler au-delà des clivages partisans.
Son parcours, de l’activisme local à la députation nationale, en fait un profil atypique. Formé aux rouages du pouvoir, mais désormais libéré des contraintes partisanes, il incarne peut-être ce renouveau que certains appellent de leurs vœux.
Alors que la campagne officielle débutera mardi, les tractations vont bon train dans les coulisses. Saint-Nicolas Iracan devra convaincre qu’il peut être ce trait d’union entre une opposition morcelée et une majorité soucieuse de stabilité. Sa candidature, audacieuse, pourrait bien révéler les nouvelles fractures et les alliances inattendues qui se dessinent dans le paysage politique congolais.
