Ce vendredi 24 octobre, la salle d’audience du Tribunal militaire de garnison de Kinshasa se transforme en un théâtre de rare complexité judiciaire. Honorine Porsche, citoyenne allemande d’origine congolaise dont le visage humilié a bouleversé les réseaux sociaux, comparaît pour son rôle présumé dans le braquage de la Rawbank de la Place Victoire. Mais derrière ce procès visible, un autre se joue, où cette fois, elle occupe la place de victime.
LIRE AUSSI : https://www.journaldekinshasa.com/honorine-porsche-berlin-rappelle-kinshasa-a-lordre-sur-les-droits-humains/
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Son avocat, Me Francis Kasonga, annonce que cette audience marquera le véritable début des hostilités. « De nombreuses révélations seront faites », promet-il, entretenant le mystère d’une défense aussi spectaculaire que l’affaire elle-même. Sa stratégie est claire : prouver l’innocence de sa cliente tout en éclairant les zones d’ombre d’un braquage qui a secoué la capitale.
Une femme, deux statuts judiciaires
La particularité du dossier réside dans son dédoublement. Dans la même ville, devant la Cour militaire, neuf soldats des FARDC répondent de leurs actes. Parmi eux figure le colonel Désiré Mumesa, accusé d’avoir diffusé la vidéo de l’humiliation depuis le camp Kokolo. Ces hommes font face à des charges lourdes – viol, atteinte à la pudeur, violation de consignes – qui contrastent étrangement avec le sort de celle qu’ils ont maltraitée.
LIRE AUSSI : https://www.journaldekinshasa.com/huit-militaires-juges-pour-humiliations-dune-citoyenne-allemande/
Me Kasonga insiste sur cette distinction cruciale : « Devant le Tribunal militaire, Honorine Porsche est prévenue. Devant la Cour militaire, elle est victime. » Une dualité qui résume toute la complexité d’une affaire où bourreaux et victimes semblent parfois échanger leurs rôles.
Le spectre de la Place Victoire
Tout commence le 16 octobre 2025, quand un groupe armé attaque l’agence Rawbank. Dans la confusion qui suit, les militaires interpellent Honorine Porsche. Les images de son arrestation, filmées par leurs soins, déclenchent un électrochoc dans l’opinion publique.
Aujourd’hui, tandis que les neuf militaires répondent de leurs exactions, Honorine Porsche doit justifier sa présence sur les lieux du braquage. Le procès de ce vendredi au camp Lufungula ne sera donc pas une simple audience. Il représentera le miroir d’une justice congolaise face à ses contradictions et, peut-être, le début de la révélation d’une vérité que chacun pressent, mais que personne ne connaît encore vraiment.