La voix était calme, mais les mots portaient loin. Ce jeudi 23 octobre sur les ondes d’Africa Radio, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, a transformé le studio en tribune diplomatique. Devant le micro, il a dessiné les nouvelles lignes de front : Washington pour le Rwanda, Doha pour le M23, et Nairobi pour l’opposition regroupée autour de Joseph Kabila.
Washington-Doha, la double pression diplomatique
Le ministre a d’abord rappelé la feuille de route. Les discussions de Washington s’inscrivent dans le prolongement du processus de Luanda, avec un objectif clair : l’exécution du CONOPS, ce plan opérationnel qui prévoit le désengagement des forces rwandaises et la lutte contre les FDLR. « Nous voulons la paix », a répété Muyaya, tout en dénonçant les « mauvaises habitudes du Rwanda ».
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Sur Doha, où un mécanisme de suivi du cessez-le-feu avec le M23 a été signé, le ton s’est fait plus ferme. « Nous avons fait notre part », a assuré le ministre, avant de rappeler la ligne rouge : « Le M23 reste un mouvement terroriste ». Une contradiction apparente qui résume le dilemme congolais : négocier sans légitimer.
L’ombre de Nairobi et la menace judiciaire
C’est sur le terrain politique intérieur que le porte-parole s’est montré le plus tranchant. Évoquant la réunion de Nairobi organisée par Joseph Kabila, il a balayé d’un revers de main toute crainte : « Il n’y a pas de menace politique ». Puis est venu le réquisitoire. L’ancien président est « un homme du passé » qui a « enfreint les règles », montré sa « connivence avec ceux qui tuent », et réuni « des personnes condamnées, des fugitifs ».
La question qui brûlait toutes les lèvres a finalement été posée : Kabila risque-t-il l’arrestation s’il rentre au pays ? La réponse est tombée, sèche et définitive : « Conséquence logique de la décision judiciaire ». Une phrase qui résonne comme un ultimatum et dessine peut-être le prochain acte du feuilleton politique congolais.
Entre les lignes de ce discours se lit une stratégie : montrer la main tendue de Tshisekedi vers l’extérieur tout en durçant le ton contre l’opposition intérieure. Le gouvernement congolais semble jouer sur deux tableaux – la diplomatie internationale et la fermeté judiciaire – pour consolider sa position à l’approche d’échéances politiques décisives.