Société




Les Wazalendo lancent un ultimatum aux Banyamulenge – « Dix jours pour quitter Uvira »

La menace est tombée comme un couperet. Ce vendredi 12 septembre, les forces supplétives wazalendo ont adressé un ultimatum cinglant…

La menace est tombée comme un couperet. Ce vendredi 12 septembre, les forces supplétives wazalendo ont adressé un ultimatum cinglant aux Banyamulenge d’Uvira : quitter la province du Sud-Kivu dans un délai de dix jours. Un message en swahili, relayé par un chef de troupes anonyme, annonce une campagne baptisée « Retour au Rwanda pour tous les Tutsis » et prévient : « Au-delà de ces dix jours, vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenus ».

Cette sommation survient alors que les autorités venaient de transférer, dans la nuit du 9 septembre, le général Olivier Gasita – figure tutsi controversée – d’Uvira vers Bujumbura puis Kinshasa. Une manœuvre destinée à apaiser les tensions, mais visiblement insuffisante aux yeux des wazalendo. « Il reste encore beaucoup de Gasita à Uvira. La vraie solution, c’est qu’il n’y ait plus de Tutsi ici », assène le même chef, dans une rhétorique qui rappelle sinistrement les heures précédant le génocide rwandais.

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Une région au bord de l’embrasement

L’ultimatum ravive les peurs dans une zone où l’activité économique commençait à renaître timidement. Seulement 128 foyers banyamulenge resteraient encore dans la ville, la majorité ayant déjà fui vers des camps de réfugiés au Burundi. Mais derrière ce chiffre, c’est tout un mécanisme de haine qui se met en place.

Des témoignages alarmants font état d’actions parallèles des imbonerakure, milices du parti au pouvoir burundais, qui identifieraient les foyers tutsi à Bujumbura. « Ce recensement vise à pouvoir éliminer physiquement les Tutsi si Uvira devait tomber aux mains des rebelles congolais », s’alarme un avocat burundais sous couvert d’anonymat.

Les craintes d’une déstabilisation régionale

Le gouvernement burundais, inquiet, redoute que des groupes hostiles ne profitent du chaos pour tenter de renverser le président Évariste Ndayishimiye. Bujumbura sollicite désormais l’appui des capitales occidentales pour éviter l’embrasement.

Sur les rives du lac Tanganyika, le spectre des violences ethniques plane à nouveau. Les mots utilisés – « chasse aux Tutsi » – font froid dans le dos et rappellent les discours qui ont conduit aux pires tragédies de la région.

Alors que le compte à rebours est lancé, la communauté internationale reste silencieuse. Uvira retient son souffle, consciente que les dix prochains jours pourraient basculer dans l’irréparable.

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