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Uvira tombée, le flot des déplacés submerge le Burundi

Des milliers de personnes ont franchi la frontière ces derniers jours, fuyant l’avancée des combattants de l’AFC/M23 à Uvira, mercredi…

Journal de Kinshasa

Des milliers de personnes ont franchi la frontière ces derniers jours, fuyant l’avancée des combattants de l’AFC/M23 à Uvira, mercredi 10 décembre. Silhouettes courbées sous le poids de ballots précipités, ces civils cherchent un refuge immédiat. La frontière burundaise s’est rapidement transformée en un espace d’accueil, étroit mais vital.

L’urgence humanitaire sur le terrain

Sur place, l’urgence est totale. Les équipes du HCR et de l’Office national burundais de protection des réfugiés (ONPRA) se mobilisent pour organiser les arrivées et protéger les déplacés. À Musenyi, une mission de l’agence européenne ECHO a constaté plus de 10 000 réfugiés dans des abris de fortune. Les conditions y restent « très précaires », surtout pour les personnes handicapées. Les humanitaires insistent : le soutien des donateurs est « vital » pour garantir un minimum de dignité.

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Premières relocalisations à Bweru

À Bweru, le gouvernement burundais a ouvert un site pour accueillir les familles. Sur place, la mission conjointe constate que le terrain reste à aménager. Les premières relocalisations volontaires depuis le camp de transit de Ndava ont commencé, avec l’installation des premiers abris d’urgence. Le HCR qualifie ce geste de « pas décisif, humain et nécessaire », tout en rappelant que « les besoins restent immenses ».

Cet afflux s’ajoute à une situation déjà critique. Le Burundi héberge actuellement plus de 100 000 personnes déplacées, dont environ 91 000 réfugiés et demandeurs d’asile, majoritairement congolais. La situation se complique après de nouvelles arrivées début 2025 et des milliers de demandes d’asile l’année précédente.

Fermeture de la frontière et tensions sécuritaires

La prise d’Uvira a provoqué un choc sécuritaire jusqu’à Bujumbura. Selon des sources burundaises, le pays aurait fermé sa frontière avec la RDC après l’avancée du M23, un groupe soutenu, selon l’ONU et plusieurs pays occidentaux, par l’armée rwandaise. Cette mesure vise à protéger le territoire face aux combattants à ses portes.

Cependant, le ministre burundais des Affaires étrangères, Edouard Bizimana, a démenti cette fermeture. Sur le terrain, les mouvements de civils semblent désormais canalisés et contrôlés, traduisant une fermeture de facto, officielle ou non.

Alors que le M23 consolide sa prise sur Uvira, la crise humanitaire s’aggrave. Des milliers de vies dépendent désormais de la capacité du Burundi à leur tendre la main. La réponse de la communauté internationale reste cruciale, alors que le monde détourne parfois le regard.

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