Le Congo est entré dans la semaine de tous les dangers: c’est le 8 août en effet que le Commission électorale indépendante clôturera la liste des candidats à l’élection présidentielle qui est toujours prévue pour le 23 décembre prochain.
De toutes parts, tant du côté de l’opposition que de celui du pouvoir, les leaders entretiennent le suspense et, dans le «peloton de tête», l’inquiétude côtoie aussi le saugrenu. C’est ainsi qu’à Lubumbashi, des partisans de l’ancien gouverneur [du Katanga] Moïse Katumbi, qui avaient entamé des manifestations pour protester contre l’interdiction de pénétrer dans le pays signifiée au candidat de la plateforme «Ensemble», ont essuyé des coups de feu. Hubert Tshiswaka, avocat et militant des droits de l’homme, nous a confirmé par téléphone que «la police avait tiré à balles réelles dans des quartiers populaires comme Tabacongo ou Matshipisha, faisant quatre blessés graves.
Des manifestants portant des banderoles de soutien à Katumbi et emmenés par Charles Mwando, leader du parti Unadef [Union nationale des démocrates et fédéralistes], ont tenté de se diriger vers le siège du gouvernorat, au centre-ville, mais ils en ont été dissuadés par des gaz lacrymogènes». Quant à Moïse Katumbi lui-même, il s’était, par deux fois, vu refuser l’entrée en territoire congolais: alors qu’il aurait initialement souhaité atterrir à l’aéroport de la Luano, à Lubumbashi, il a finalement décidé de gagner la capitale du Katanga par la route, via le poste-frontière de Kasumbalesa, par où passent toutes les semi-remorques chargées de minerais se dirigeant vers la Zambie ou le port tanzanien de Dar es Salaam.
Selon des sources locales, à aucun moment M. Katumbi ne s’est entretenu avec des officiels congolais: il n’a pas pénétré dans la «zone neutre» qui sépare les deux pays pas plus qu’il ne s’est approché du poste frontière de son pays et ce sont les officiels zambiens qui lui ont signifié que leurs collègues d’en face avaient reçu des instructions pour refuser de le laisser pénétrer sur le sol katangais. Tout indique donc que, refusant de passer en force (avec tous les risques que cela représente, dont l’arrestation immédiate), M. Katumbi, qui était considéré comme le principal challenger du président sortant Joseph Kabila, ne pourra, dans les délais requis, pénétrer au Congo pour présenter sa candidature. Ce qui provoque évidemment la colère de ses partisans, dans son fief de Lubumbashi [Haut-Katanga] comme ailleurs dans le pays.
A quelques heures de la fin du suspense, même les proches du «Raïs» (président en swahili) sont dans le doute: d’aucuns pensent qu’il attendra la dernière minute pour annoncer son retrait et le nom de son dauphin, choisi parmi les quatre noms que ses fidèles avaient été chargés de lui présenter. Ils considèrent que c’est dans cet esprit, afin d’assurer ses arrières, qu’il a fait voter la loi sur le statut et les privilèges des anciens chefs d’Etat. Dans les cercles du pouvoir, les spéculations autour des dauphins potentiels échauffent les esprits et aiguisent les ambitions…