Politique › Sécurité

RDC/Nord-Kivu : inquiétudes après le départ de la Monusco

Les casques bleus présents en RDC, pour assurer la sécurité des populations. Droits reservés.

La fermeture lundi de cinq bases de la force de l’ONU dans le Nord-Kivu (Est de la République démocratique du Congo) inquiète particulièrement la population.

La fermeture lundi 31 juillet, de cinq bases de la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la République démocratique du Congo (Monusco) dans le Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC, inquiète particulièrement la population de cette région meurtrie depuis des années par les attaques de groupes armés, selon des propos recueillis par Anadolu.

Kinshasa et le Conseil de sécurité de l’ONU avait récemment exigé de la Monusco de réduire ses effectifs de 2500 hommes, pour des questions budgétaires.

Une exigence à laquelle a répondu la force en fermant cinq bases situées à Walikale-centre et à Bunyapuri (Territoire de Walikale), à Masisi-centre et Nyabiondo (Territoire de Masisi) et à Luofu (Territoire de Lubero), dans le Nord-Kivu et en retirant quelque 750 casques bleus, soit l’équivalent d’un bataillon entier.

Même si la force onusienne a justifié son départ par le fait qu’un calme sécuritaire règne dans certaines de ces zones pourtant encore infestée par des dizaines de groupes armés, la nouvelle a été particulièrement mal accueillie par les habitants de la région.

« Le départ de la Monusco risque de laisser un important vide sécuritaire dans la région. La population locale va manquer d’un vrai soutien moral. Nous avions pourtant encore besoin de la force de l’ONU pour stabiliser ces contrées où les groupes armés sèment encore la terreur. Ce départ forcément des conséquences », alerte Simone Kazungu, un député élu du Nord-Kivu joint par Anadolu.

« Ces bases sont situées dans des zones où des attaques et des affrontements sont fréquemment enregistrés. Où iront les habitants qui fuient les milices et qui avaient comme refuge ces différentes bases de la Monusco ? », s’interroge Prince Kihangi, coordonnateur du bureau d’étude et d’appui au développement de Walikale, un territoire où deux bases fixes de la Monusco sont désormais fermées.

Pour le coordinateur, il s’agit d’un retour à la case départ : « déjà qu’à Walikale il y’a encore une dizaine de groupes armés très actifs y compris en présence de la Monusco, nous n’imaginons pas la situation après le départ de la force… Je pense qu’on dénombrera de nombreux morts », avertit le responsable congolais.

Toutefois, souligne Placide Nzilamba, membre influent du cercle international de défense des droits de l’homme, de la paix et l’environnement (CIDHOPE) cette fermeture de bases militaires de la Monusco, obligera Kinshasa « à prendre ses responsabilités ».

« Seul l’Etat congolais est responsable de la sécurité de sa population et la défense de l’intégrité territoriale », dit-il à Anadolu, ajoutant que la présence de la Monusco n’a de toute façon jamais empêché l’insécurité de dominer dans la région.

De son coté, Bernard Commins commandant adjoint des forces de la Monusco, avait affirmé lors d’une conférence de presse tenue le 19 juillet dernier : « la Monusco privilégiera la mobilité et la flexibilité des interventions par des patrouilles à longues distance, la surveillance aérienne et une intervention rapide en cas d’insécurité ».

Commins avait aussi indiqué que ces fermetures des bases de la Monusco ne sont pas les premières : « vous ne le savez peut-être pas, mais nous avons déjà eu à fermer d’autres bases précédemment », avait-il dit.

« Nous avions fermé pratiquement 9 bases ou détachements temporaires l’année passée. Nous avons pu observer que notre départ n’a pas entrainé un surcroit des violences ou une résurgence de la violence telle qu’elle existait précédemment. Parce que si nous nous sommes installés à un endroit c’est parce que la violence existait et que notre présence a permis de stabiliser la zone », a-t-il rassuré.

En outre, « les forces armées congolaises sont de toute manière déployées dans la région » avait-il ajouté précisant que de toute façon, la Mission onusienne a encore des bases à Kanyabayonga et Kirumba à partir desquels elle pourra lancer des patrouilles si nécessaire.

Des propos qui ne semblent toutefois pas rassurer la vingtaine d’organisations locales de la société civile du Nord-Kivu qui ont adressé une lettre ouverte au représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies en RDC pour dire « non » à la fermeture de ces cinq bases mobiles de la Monusco dans la province.

Dans cette note, les forces vives du Nord-Kivu ont évoqué les risques liés à ce retrait, notamment les menaces évidentes et imminentes qui pèsent sur les habitants de la région. Depuis une vingtaine d’années, des dizaines de groupes armés étrangers et locaux pullulent dans la partie orientale de la RDC.

Il s’agit notamment des rebelles ougandais de l’Armée de libération du seigneur (LRA), d’autres rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) ainsi que d’innombrables groupes locaux d’auto-défense Mai-Mai (Nyatura, Simba, Mazembe, etc…) tenus responsables de nombreuses exactions dont sont victimes les populations civiles.

Plusieurs milliers de personnes ont été tuées dans l’Est de la RDC, d’après l’ONU.

La Monusco est la plus importante opération onusienne de maintien de la paix. Déployée en RDC depuis 1999, sont mandat très disputé entre Kinshasa et New York a été renouvelé fin mars 2016 par la résolution 2277, adoptée à l’unanimité du Conseil de sécurité qui a décidé de réduire ses effectifs pour les faire passer de 19 815 casques bleus à 16 215.

Les principaux pays contributeurs à cette Mission étant les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et la Russie.



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