Alors que la désignation du président de la Commission nationale indépendante (CENI) est toujours bloquée à cause des dissensions entre les confessions religieuses, les tensions ethniques ont monté d‘un cran entre les ressortissants du Kasaï et les autres groupes a atteint les lieux de culte. Le pire qui était à craindre, est en train de se réaliser.
Mgr Bernard Emmanuel Kasanda, évèque du diocèse de Mbuj Mayi, au Kasaï, a publié un message angoissé dans lequel il dénonce « une profanation progressive et systématique qui porte sur nos paroisses, grottes et sanctuaires et autres lieux de culte ».
Le prélat explique que « des individus malintentionnés volent les ornements liturgiques, les objets de culte, les statues de Jésus et de la Vierge Marie, désacralisent les tabernacles en emportant le Saint Sacrement » et il appelle les fidèles à observer le 13 septembre prochain une journée de prière et de jeunes.
D’autres informations en provenance du Kasaï oriental relatent que l’église cathédrale de Mbuji Mayi a été saccagée par la population qui reproche aux prélats catholiques de refuser de signer le procès vernal de l’élection de Denis Kadima à la tête de la CENI.
Rappelons que le blocage est total entre les églises catholique et protestante d’un côté et six autres confessions religieuses de l’autre, les premières refusant d’avaliser la candidature de Denis Kadima à la tête de la CENI. En dépit de son expérience des processus électoraux, le candidat d’origine kasaïenne, est perçu comme trop proche du président Félix Tshisekedi.
De nombreux dirigeants de l’UDPS tiennent pour acquise la réélection du chef de l’Etat en 2023 et ils souhaitent que Félix Tshisekedi obtienne un nouveau mandat.
A plusieurs reprises, les propos menaçants du secrétaire général de l’UDPS Augustin Kabuya ont permis de redouter un passage en force de l’UDPS d’ici deux ans, ce qui serait rendu possible avec une présidence de la CENI acquise au parti…
Dès lors des accusations de tribalisme fusent désormais à l’encontre des Kasaïens appartenant à l’ethnie des Balubas, qui sont très nombreux à Kinshasa et de plus en plus actifs dans les autres provinces dont le Katanga d’où ils avaient déjà été expulsés au début des années 90.
Dans d’autres régions, comme le Maniéma circulent à présent des tracts hostiles aux Kasaïens, accusés de vouloir truster tout le pouvoir et d’occuper entre autres la présidence de la Cour Constitutionnelle et la Cour de Cassation, « boulonnant » ainsi le système judiciaire.
Le projet de loi sur la « congolité », déposé par le banquier Noël Tshiani, proche du président actuel, et visant à écarter Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga avait déjà échauffé les esprits, entre autres dans la province du cuivre. Le blocage de l’élection à la présidence de la CENI représente un élément de danger supplémentaire dans un pays dont l’équilibre repose sur un délicat dosage entre les régions et les groupes ethniques. Le parti Lamuka, présidé par Martin Fayulu, candidat malheureux aux dernières élections et présenté comme le vainqueur réel par les observateurs de l’église catholique, appelle à de grandes manifestations pour une CENI dépolitisée.