Alors qu’il avait été accusé et arrêté d’avoir fait partie des agents de l’Etat qui ont facilité l’assassinat de l’américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan.
C’était inattendue lundi 27 août, la reprise du procès des assassins présumés des experts de l’ONU en République Démocratique du Congo. L’on se souvient que RFI avait enquêté sur cette affaire et dévoilé que la mission de l’américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan a été organisée et facilitée par des agents de l’Etat, ANR, armée. L’un des accusés, José Tshibuabua avait été arrêté. Mais la surprise est frappante, ce dernier n’était pas sur le banc des accusés.
Qu’est ce qui peut expliquer que José Tshibuabua ne soit pas à l’audience de ce lundi ? Pire encore, son nom ne figure pas sur la liste des accusés établie par le greffe. Pourtant il avait été officiellement inculpé en décembre dernier pour complicité dans l’assassinat des experts. Selon l’ANR, au moment des faits, il était un simple informateur des services. Mais agent de l’Etat, il l’est devenu après la mort de Michael Sharp et de Zaida Catalan.
Rappelons qu’au moment de son arrestation, José Tshibuabua était inspecteur au sein de la direction générale des migrations. C’est l’ANR qui l’a fait arrêter et l’ANR qui assure qu’il aurait agi de son propre chef. José Tshibuabua était pourtant absent à cette audience, à la surprise générale.
En revanche, deux nouveaux prévenus ont été présentés, deux hommes qui se sont identifiés comme Vincent Manga, habitant de Gombe, et Constantin Tshidime dit Bula Bula, chef coutumier de Moyo Musuila. C’est non loin de là que les experts auraient été assassinés. Les autorités les accusent d’en être les véritables auteurs.
Sur les 4h d’audience, seul le dénommé Bula Bula a pu s’exprimer. Il a chargé son coaccusé Vincent Manga, l’accusant d’être un chef de milices, de l’avoir menacé de mort et forcé à accepter ses hommes dans sa localité.
Ce seraient ces miliciens qui auraient tué les experts. Vincent Manga aurait même dit avoir reçu l’ordre de Kananga. Le dénommé Vincent Manga devrait répondre lors de la prochaine audience prévue jeudi. Ce lundi, il s’est contenté d’assurer qu’il ne connaissait pas le dénommé Bula Bula.
Surprise des avocats de la défense
Les avocats de la défense des deux accusés disent avoir été pris de court par la reprise de ce procès, notifié, selon eux, hors délais samedi 25 août. Après 10 mois de suspension, ils expliquent avoir à peine pu parler à leurs clients, détenus au secret et interrogés sans la présence de leurs conseils ces derniers mois.
Le procès avait été suspendu le 22 octobre, officiellement pour permettre au procureur Robert Petit et à son équipe, nommée par le secrétaire général des Nations unies de l’ONU, de soutenir l’enquête judiciaire congolaise. Depuis, le Canadien s’est plaint au conseil de sécurité du manque de coopération des autorités congolaises, expliquant que suspects et témoins sont régulièrement déplacés par les services de sécurité congolais, notamment l’ANR, la très redoutée Agence Nationale des Renseignements.