La Monusco devrait remettre dans quelques jours Sheka à la justice militaire congolaise.
La Monusco se félicite de la reddition du chef de guerre Ntabo Ntaberi Sheka. Il s’est rendu mercredi 26 juillet dans la matinée à la Mission des Nations unies au Congo à Mutongo, dans le territoire de Walikale qui a longtemps été un de ses fiefs. Accusé d’une campagne massive de viols dans le territoire de Walikale en 2010, un mandat d’arrêt avait été émis en 2011 par la justice militaire congolaise. Depuis, il était accusé par les organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch, d’avoir exécuté des dizaines de civils. La Monusco devrait remettre dans quelques jours Sheka à la justice militaire congolaise.
Ce n’est pas la première fois que la Mission des Nations unies au Congo tentait de convaincre Sheka de se rendre. Ni même que Sheka les contactait. La Monusco et les autorités congolaises l’avaient rencontré à au moins trois reprises.
On se souvient de l’image de Sheka qui, en avril 2014, se prosternait devant le gouverneur de la province du Nord-Kivu Julien Paluku, accompagné par des officiels onusiens. Finalement, il ne s’était pas rendu ce jour-là. Il n’avait pas été arrêté non plus. Même si, depuis 2011, il était poursuivi par la justice militaire congolaise pour crimes contre l’humanité.
Il y a sept ans quasi jour pour jour, son groupe armé, le NDC – à l’époque complice des FDLR, les rebelles hutus rwandais – avait, selon l’ONU, lancé une grande campagne de viols dans le territoire de Walikale. Du 30 juillet au 2 août 2010, au moins 387 civils (300 femmes, 23 hommes, 55 filles et 9 garçons) avaient été violés dans 13 villages.
La chute du chef de guerre, l’ascension de son second
Mais Sheka ne s’est pas arrêté là. Des dizaines de civils exécutés, des retournements d’alliances, il était soupçonné d’avoir travaillé pour le Congo, le Rwanda et même le M23. A trop jouer, Sheka a fini par tout perdre au profit de son second, Guidon. Beaucoup de ses hommes sont partis ces dernières années et, l’an dernier, il a même failli y laisser sa vie.
Sheka a hésité, dit-on, avant de se rendre craignant pour sa sécurité, lui qui a sans doute beaucoup à dire. Selon les informations de « RFI », c’est l’une des raisons pour lesquelles la Monusco tarde à remettre Sheka aux autorités congolaises. Elle doit lui faire un contrôle médical et discuter des mesures prises pour assurer sa sécurité en prison, en attendant son procès.
Cette annonce intervient alors que la Monusco compte fermer cinq de ses bases et notamment celles de Walikale et de Luofu, au sud Lubero, où sévit Guidon et son mouvement, le NDC-Renové. L’adjoint de Sheka a été très actif contre les FDLR depuis novembre 2015, aujourd’hui, il se retourne contre la population comme des groupes similaires, les Maï Maï Mazembe.
Lutter contre les groupes armés, quels qu’ils soient
Face à cette situation, le député du Nord-Kivu, Ernest Kyaviro, demande à la Monusco non seulement de ne pas fermer ces bases, mais de s’attaquer à Guidon et aux autres groupes, quels que soient les services rendus auparavant.