Les Nations unies appellent à l’application des mesures de décrispation contenues dans l’accord politique de la Saint-Sylvestre.
Il y a un an, le gouvernement de la République démocratique du Congo libérait des prisonniers politiques et d’opinion. C’est ce que l’on appelle les mesures de décrispation, prises en amont d’un cycle de dialogue pour résoudre la crise électorale. Parmi les détenus libérés, Fred Bauma et Yves Makwambala, deux jeunes activistes arrêtés 17 mois plus tôt lors d’une conférence de presse sur l’engagement citoyen. A l’époque, l’ONU parlait d’une cinquantaine de prisonniers politiques, ils seraient trois fois plus aujourd’hui. Les Nations unies appellent à l’application des mesures de décrispation contenues dans l’accord politique de la Saint-Sylvestre.
Une cinquantaine de prisonniers politiques il y a un an ; 151 aujourd’hui, selon le bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme qui comptabilise chaque mois les violations des droits de l’homme pour le compte du Conseil de sécurité.
Pour le BCNUDH, la tendance est claire : depuis un an et cette vague de libérations, il y a une hausse de la répression des droits politiques et des libertés de toutes les voix critiques, société civile comme opposition, même s’ils sont reconnus par la Constitution.
L’Association congolaise d’accès à la justice, l’Acaj, avance même un chiffre plus élevé. Selon Me Georges Kapiamba, 530 personnes croupissent dans les prisons congolaises aujourd’hui, prisonniers politiques, d’opinion ou même des prisonniers ayant déjà bénéficié d’une mesure de libération.
Il y a un an, la même liste déposée auprès du gouvernement n’était composée que de 241 noms. Pour le ministre de la Communication, il y a un problème de définition. « On ne peut pas qualifier de prisonnier politique un député qui a violé une femme », s’insurge Lambert Mendé. Une référence à l’opposant Eugène Diomi Ndongala qui dénonce un procès politique.
Pour le porte-parole du gouvernement, si cette liste grossit, c’est que les avocats ayant des amis au sein de la Monusco y feraient rajouter le nom de leurs clients. « Des prisonniers de droit commun légalement condamnés qu’ils font passer pour des prisonniers politiques », affirme-t-il.
La solution passera par « l’ alternance » ou par « la force de la rue »
Il y a un an, Fred Bauma, prisonnier emblématique pour l’ONU, retrouvait la liberté. Aujourd’hui, ce jeune activiste du mouvement citoyen la Lucha, dénonce une répression érigée en système. Il estime que seul un changement de gouvernement mettra un terme à ces arrestations à répétition.
Aujourd’hui encore, au moins quatre militants de la Lucha sont détenus à Mbuji-Mayi et ce, depuis le 15 juillet. Le mouvement citoyen demande leur libération. Et quatre sur cinq des activistes arrêtés le 31 juillet à Lubumbashi ont été condamnés à huit mois de prison fermes pour acte de rébellion et insoumission à l’autorité.
Le dossier du cinquième, un avocat protégé par sa profession, n’est toujours pas passé en jugement. Ils avaient été arrêtés lors d’une marche de la société civile appelant à la publication du calendrier électoral. Une nouvelle marche est prévue ce mercredi pour protester contre ces arrestations. Et à la veille de cette marche, un militant de la Lucha qui avait appelé à manifester, a été tabassé chez lui et son ordinateur volé par des hommes en armes.