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Mgr Ambongo – « L’interdiction des Marches est anticonstitutionnelle »

Dans une interview accordée à la radio Vatican, Mgr Fridolin Ambongo a tenu à rassurer que l’épiscopat catholique reste un et indivisible, déterminé à soutenir le peuple congolais engagé dans le combat pour l’application de l’Accord du 31 décembre 2016, le respect de la Constitution et l’avènement d’un Etat de droit.

L’épiscopat parle-t-il d’une seule voix au sujet des marches pacifiques organisées par le CLC ?

Vous savez, depuis la première marche du 31 décembre 2017, il y a eu des commentaires. Il y a eu des insinuations allant dans le sens : les évêques sont divisés, tel ou tel évêque n’est pas pour la marche. Notre message, c’est pour dire, l’épiscopat congolais c’est comme le corps mystique du Christ. Cet épiscopat n’est ni divisible, ni dédoublable. Les évêques sont tous d’accord sur l’essentiel de leur mission.

Sur l’essentiel, vous parlez aussi d’un éveil de la conscience du peuple congolais, sa détermination à prendre son destin en mains. Vous pensez que c’est à la suite du travail des évêques et de vos déclarations ?

Nous pensons que nous y sommes pour quelque chose. Nos déclarations avec notre grand programme « Education civique électorale », nous pensons que petit à petit le peuple congolais est en train d’évoluer. J’ai même l’impression que les seuls qui ne voient pas le changement chez le peuple, c’est la classe politique. Mais, la réalité est là. Le peuple congolais n’est plus le même qu’on pouvait manipuler à volonté hier. C’est un peuple qui a pris conscience de sa dignité et qui est prêt à donner le meilleur de lui-même pour vivre digne.

Dans le 5ème point de vos constats douloureux, vous parlez aussi de la polémique autour de  la machine à voter pour les prochaines élections…

Nous avions, durant notre assemblée plénière extraordinaire, eu l’occasion d’entendre le président de la Céni, M. Corneille Nangaa, nous parler de cette machine comme il l’a déjà fait en plusieurs circonstances. Mais, nous, comme n’étant pas du domaine, n’étant pas de techniciens, avons émis notre réserve sur cette question qui suscite plus de suspicions. Notre inquiétude, c’est qu’en utilisant cette machine, on risque d’ouvrir largement les portes aux contestations postélectorales parce que jusqu’aujourd’hui il n’y a pas eu unanimité dans la classe politique autour de l’utilisation de cette machine.

Alors pourquoi prendre le risque de recourir à une machine qui risque de jeter du discrédit sur les résultats des élections de demain.

Dans votre recommandation, vous demandez aussi aux autorités d’annuler les édits interdisant les manifestations. Il y a déjà une manifestation prévue le dimanche 25 février. Vous demandez aussi d’arrêter les poursuites et les menaces à l’endroit des organisateurs des marches pacifiques des chrétiens…

Pour la simple raison que l’interdiction des marches qui est imposée au peuple est anticonstitutionnelle. Et dès lors, le peuple ne peut pas se sentir concerné par quelque chose qui viole la Constitution. En plus, les marches prévues jusque maintenant, ce sont des marches qui vont dans le sens de la Constitution.

On ne réclame que la tenue d’élections pour une transition pacifique, démocratique dans notre pays. Le peuple a fait l’expérience, au point que lui et lui seul peut mieux défendre ses intérêts. Il ne peut plus compter sur la classe politique pour défendre ses intérêts.

C’est pourquoi nous exhortons le peuple à rester debout et vigilant pour veiller à ses intérêts.

Dans la conclusion de votre déclaration, vous dites que la République démocratique du Congo appartient à tous ses fils et filles. Qu’est-ce que vous entendez par là ?

Il suffit de voir la réalité. Ce qui se passe actuellement dans notre pays. Il y a une catégorie de personnes, une infime minorité qui considère le pays comme son patrimoine privé et qui s’est tapé un train de vie qui heurte la misère du peuple, si vous comparez. Nous avons l’impression que cette petite minorité qui a tout, qui vit bien, est même déconnectée de la réalité de son peuple qui souffre.

Des fois quand vous entendez de grands responsables au niveau du pays parler du Congo comme si c’était un pays qui fonctionnait bien où les choses allaient bien, on se pose la question de savoir si nous parlons du même pays.

Est-ce que cette fois-ci vous serez entendus ?

Nous sommes des prophètes. Le rôle du prophète, c’est d’alerter, d’éveiller lorsqu’il y a un danger à l’horizon. Le prophète peut être écouté tout comme il ne peut pas être écouté. Mais cela ne nous décourage pas. Nous pensons quand même que notre peuple écoute la voix de ses pasteurs. Pour nous, c’est la chose la plus importante. Même si la classe politique, de façon globale, n’est pas portée à écouter les alertes du pasteur, mais tôt ou tard ils se feront rattrapés par l’Histoire.

Monseigneur comme conclusion, vous rendez hommage aux morts et aux blessés et vous exprimez votre compassion aux familles éprouvées…

Les deux marches organisées jusque maintenant par le Comité laïc de coordination ont été réprimées comme vous le savez. Il y a eu des morts. Il y a eu des blessés. Il y a eu des dégâts. Tout ça a jeté certaines familles dans le désarroi. Je voudrais ici exprimer toute notre proximité, notre sollicitude pastorale à ces familles éprouvées et à ses familles qui ont eu des blessés graves pour leur dire justement que leur combat est un combat qui est appelé à porter des fruits pour le grand bien de l’ensemble.

Qu’ils ne se découragent pas parce que la cause qui est ici poursuivie, c’est une cause noble. Le Seigneur, Maître de l’Histoire, finira par donner des fruits à cet effort qui est en train d’être déployé. Je dirais tout simplement à toutes les familles éprouvées notre admiration, notre compassion et notre proximité pastorale.



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