RCA : les médias se lancent dans la lutte contre les fake news en cette période électorale

Ce projet vise à faire accroître la participation démocratique des jeunes et des femmes aux élections et les sensibiliser contre les messages de haine.

À trois semaines du premier tour des élections législatives et présidentielles, les médias centrafricains, avec l’appui de l’Union européenne, ont lancé ce vendredi 4 décembre 2020 un projet de lutte contre les fake news en période électorale afin d’accroître la participation démocratique des jeunes et des femmes aux élections et les sensibiliser contre les messages de haine, de violences pré et post-électorales.

La fondation « hirondelle » met en œuvre avec l’appui de l’Union européenne  un projet de lutte contre la désinformation en période électorale en République centrafricaine, et ce, dans le cadre  du projet d’appui au cycle électoral  qui constitue un important vecteur dans l’apaisement de l’environnement électoral et à l’accroissement de la participation de toutes les parties prenantes au processus électoral en RCA.

Selon madame Caroline VUILLEMIN, Directrice générale de la fondation Hirondelle, depuis plusieurs années, il y’a des phénomènes de désinformation  avec une manipulation volontaire, y compris la rumeur et  le mensonge qui fragilisent la société centrafricaine. C’est en ce sens que l’Union européenne a proposé à la fondation Hirondelle de mettre en œuvre un projet  pour renforcer    les capacités des médias à  lutter contre la désinformation, c’est-à-dire a avoir  un renforcement des capacités des journalistes  sur la vérification des faits, avoir des matériels aussi pour pouvoir rapidement vérifier , transmettre et produire une information, mais aussi  inclure les autres acteurs  qui, aujourd’hui sont aussi présent dans le secteur médiatique comme les blogueurs, les radios communautaires et les leaders d’opinion qui sont  des producteurs et des vecteurs  des contenus, parfois des informations vérifiées, parfois du mensonge.

« Il faut être très réaliste et humble. Nous seuls on ne va pas bloquer le phénomène, on va  essayer de l’atténuer. Radio Ndékèluka  a fait une charte électorale qui rappelle  les règles du journalisme , qui impliquent  tous les acteurs politiques  dans le fait que quand ils vont prendre la parole  , par exemple à l’antenne de la radio Ndékèluka,  la diffamation, l’appel à la haine…  seront interdits.  Ils seront systématiquement coupés. Ça, c’est la règle de base. Sur notre site,  sur notre Facebook, sur notre réseau Tweeter, on aura la même vigilance  avec la modération… », a-t-elle ajouté. D’après elle, ce projet de lutte contre la désinformation va poursuivre même avec l’annonce des résultats  et ensuite tout le processus après  les élections qu’il faudra rester vigilant.

Il y ‘a lieu de noter que le projet a été lancé ce vendredi dans la salle de conférence de l’hôtel Ledger Plazza Bangui en présence de plusieurs journalistes et blogueurs ainsi que des personnalités.

RCA : les sujets politiques à la Une des journaux

Le Haut Conseil de la Communication lors de la présentation du rapport de monitoring sur les médias, a constaté que les sujets traités sont plus orientés vers la politique que sur ceux qui s’intéressent à la société. C’est le contenu du rapport d’enquête menée par le service du monitoring de ladite institution.

La présentation de ce rapport trimestriel par le Haut Conseil de la Communication est une suite logique des études menées par cette institution sur le traitement des sujets en lien avec l’épineuse question d’accès à l’eau dans la capitale. Il ressort de ce rapport que les professionnels des médias n’ont d’yeux que sur des sujets qui touchent à la politique.

« De manière générale, les résultats de monitoring entrepris durant la période allant du 1er mars au 31 mars 2019 peuvent être ainsi résumés…Malgré la pluralité des médias, les mêmes faits, jugés plus « vendables », dominent l’actualité, à travers la politique, l’insécurité, le sport, ou les faits divers. Certains sujets pourtant d’utilité publique et essentiels pour le bien-être collectif, notamment au plan social, font l’objet d’un traitement secondaire », peut-on lire dans le rapport de monitoring.

Le même rapport indique que 72% des médias visés par l’enquête ont répondu « non » à la question de savoir s’ils parlent souvent de la problématique d’accès à l’eau dans leurs programmes et éditions. Seulement 27% d’entre-eux ont jugé que les media publics (14) ou privés (10) évoquent souvent le problème.

Un Directeur de Publication, au regard de ce rapport, justifie le choix des sujets politiques qui, selon lui, font vivre les journaux, « Le public consommateur est plus attiré par la vie politique du chef de l’Etat. Il suffit de placer à la une du journal la photo du Président de la République, Faustin Archange Touadera, peu importe le contenu de l’article, et le titre s’arrache au niveau du Kiosque. Avant midi déjà, il ne restera plus aucun exemplaire » a-t-il déclaré.

Hubert Djamany président de commission des organes audio-visuels, appelle les professionnels des medias à s’intéresser plus aux sujets de proximité, « J’invite et j’encourage les confrères journalistes à s’intéresser beaucoup plus aux sujets sensibles qui touche la société. Un journaliste est un trait d’union entre les gouverneurs et les gouvernants. Il est la voix de bats peuple. Ne pas traiter en profondeur les questions qui touchent la société telle que le problème d’eau potable, les problèmes fonciers, le problème de l’environnement, est une manière d’abandonner la population à son triste sort » a-t-il souhaité.

Le Haut Conseil de la Communication (HCC) est l’instance de régulation des médias dont la mission principale est d’assurer le plein exercice de la liberté de communication et l’indépendance des médias publics et privés.