RDC-présidentielle 2023 : l’opposition conteste les résultats

Les principales figures de l’opposition n’ont pas reconnu leur défaite à la suite de la publication des résultats de la présidentielle par la CENI.

 

Selon des chiffres officiels publiés par la commission électorale (CENI), Félix Tshisekedi a été réélu pour un second quinquennat. Il est suivi de Moise Katumbi (18,08%) et Martin Fayulu (5, 33%). Ces principales figures de l’opposition n’ont pas reconnu leur défaite. Dans une déclaration conjointe, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege et six autres candidats ont qualifié ces résultats de « mascarade, une farce ». Ils ont pointé des irrégularités et exigent la réorganisation des scrutins sans envisager un éventuel recours devant la cour constitutionnelle jugée soumise au pouvoir.

Après la publication des résultats provisoire de l’élection présidentielle consacrant la victoire de Félix Tshisekedi, les partisans de Moïse Katumbi sont déçus. Selon RFI, Maitre Ali Sudi membre du parti de Moïse Katumbi a suivi la publication des résultats au siège de cette formation politique à Lubumbashi. Il est sous le choc. Les jeunes du parti de Moïse Katumbi rejette aussi ces résultats qu’ils considèrent loin de refléter la réalité.

Quelques minutes après la publication des résultats officiels, Martin Fayulu s’est exprimé dans un discours, rejetant en bloc ce qu’il a qualifié de « simulacre d’élection ». Il dénonce un « coup d’État » après la publication dimanche après-midi des résultats officiels. L’opposant, arrivé troisième de la présidentielle, charge le président de la Céni Denis Kadima : « M. Kadima et la Céni viennent de franchir le Rubicon. Honte à eux. Tout le monde sait que M. Tshisekedi Tshilongo ne peut en aucun cas gagner une élection organisée régulièrement en RDC. C’est pourquoi je rejette en bloc le simulacre d’élection et les résultats farfelus de la Céni. La crise de légitimité s’enracine davantage dans notre pays. »

Martin Fayulu réitère son appel à réorganiser le scrutin :« N’acceptez pas ce nouveau coup d’État, il nous faut résister comme nous le demande l’article 64 de la Constitution. Il nous faut de nouvelles élections. Des élections crédibles, transparentes, apaisées et impartiales. »

Denis Mukwege dit ne pas être surpris par les résultats provisoires proclamés dimanche par la Céni. Le docteur Mukwege rappelle qu’avant d’annoncer sa candidature, il avait prôné une révolution démocratique pour éviter ce qu’il considère comme une fraude planifiée.

« J’ai fait ma part. Il appartient au peuple de prendre ses responsabilités, dénoncer et résister », dit-il. Denis Mukwege affirme avoir essuyé des insultes, les mensonges et la calomnie, mais en aucun cas, il ne regrette d’avoir posé sa candidature. « J’ai le sentiment de la satisfaction et du devoir accompli », a assuré le docteur. Le candidat numéro 15 regrette que le peuple congolais chemine, selon lui, sans le savoir vers une dictature

Le docteur Mukwege rappelle qu’il souhaitait restaurer la paix et la dignité du peuple congolais, mais le peuple en a décidé autrement, il indique respecter ses orientations. Il rappelle cependant qu’un peuple qui se laisse corrompre, qui ne dénonce pas les injustices et qui applaudit ses bourreaux sans résister à leurs tyrannies est complice de son esclavage et devrait en assumer les conséquences.

La seule femme candidate à l’élection présidentielle Marie-Josée Ifoku, ancienne gouverneure de la province de la Tshuapa, est arrivée en 8e position avec moins de 1% des suffrages. Malgré ce faible score, elle estime que sa candidature, sa deuxième après une première participation à la présidentielle de 2018, participe d’un changement plus profond au sein de la vie politique congolaise.

RDC : la police disperse les militants de Martin Fayulu à Kinshasa

Devant le siège du parti ECIDE, une centaine de jeunes attendaient le début de la manifestation prévue mercredi 27 décembre 2023.

 

La situation s’est brusquement tendue mercredi matin, alors qu’une centaine de militants attendaient devant le QG du parti Ecide (L’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement) de commencer leur manifestation. Des échauffourées ont débuté entre des militants jeunes et des policiers. Jets de pierre contre grenades assourdissantes et lacrymogènes. Le siège du parti s’est retrouvé encerclé par les forces de l’ordre et il y a eu quelques arrestations.

Pendant une petite heure, les militants et les policiers se sont fait face. Des jets de pierre ont fusé au-dessus de l’entrée du bâtiment avant qu’un responsable d’Ecide ne sorte, avec un voile blanc. Il est parti discuter avec les policiers. Puis la situation s’est brusquement calmée, les jeunes sont ressortis du siège du parti, les policiers ont reculé, les blessés ont été évacués.

Le responsable de la police de Kinshasa, le général Blaise Kilimbalimba a tenu à rappeler que la manifestation était interdite et il met en cause les organisateurs. Selon lui, il y avait des mineurs parmi les manifestants devant le QG.

Martin Fayulu, le seul parmi les candidats qui avaient appelé à se rassembler à être présent sur les lieux, a pour sa part dénoncé une utilisation de la violence pour empêcher toute manifestation.

RDC : une manifestation de l’opposition interdite

Prévue ce mercredi 27 décembre, la marche avait pour but d’exiger l’annulation des scrutins du 20 décembre dernier.

 

Après six jours des élections générales du 20 décembre dernier, marquées par « les irrégularités massives », l’opposition appelle les Congolais à une manifestation ce mercredi 27 décembre 2023. Celle-ci a pour but selon les initiateurs d’exiger l’annulation des scrutins et la mise en accusation des dirigeants de la commission électorale.

Lors d’une conférence de presse mardi 26 décembre, Peter Kazadi, vice-Premier ministre, en charge de l’Intérieur et de la sécurité, interdit la manifestation de l’opposition et assure que les forces de sécurité seront mobilisées pour s’assurer que la marche n’ait pas lieu.

Pour Peter Kazadi, « La manifestation de demain a pour but de mettre à mal le processus électoral engagé. Le gouvernement de la République (démocratique du Congo) ne peut pas accepter cela. Leur démarche ne repose sur aucune légalité. Il s’agit d’un acte désespéré des gens qui se sentent perdants. Alors que la Céni n’a pas encore publié les résultats, ils prennent les devants pour faire ce qu’ils ont toujours souhaité, c’est-à-dire contester et rendre le pays ingouvernable. Aucun gouvernement au monde ne peut accepter que cela se produise sur son territoire. Donc, nous n’allons pas nous laisser faire. »

Le numéro deux du gouvernement a déclaré : « Je peux vous rassurer, il n’y aura pas cette marche tout simplement parce que cela ne cadre pas avec le contexte. Cela ne cadre pas non plus avec le processus. Cela viole les dispositions légales, qui prévoient que la contestation des résultats se fasse devant la Cour constitutionnelle ou le tribunal compétent ».

L’opposition quant à elle maintient son mot d’ordre en dépit de l’interdiction par les autorités. Le candidat et opposant Théodore Ngoy, affirme « qu’aucun arrêté ministériel, ni communiqué n’a formalisé cette décision » : « Il fait un excès de pouvoir. C’est contre la démocratie, la légalité, c’est contre l’État de droit. Cette interdiction est anticonstitutionnelle. Cette marche aura lieu parce qu’elle est constitutionnelle. Nous ne cherchons pas à semer les troubles, les désordres mais nous voulons pacifiquement faire entendre notre voix. Il y a eu un simulacre d’élections devant le monde entier, les résultats sont aussi un simulacre planifié ».

Les opposants Martin Fayulu, Denis Mukwege et d’autres candidats ont eux aussi appelé à une mobilisation massive à Kinshasa le mercredi 27 décembre. Ils affirment n’accorder aucun crédit aux opérations électorales dont les résultats partiels sont en train d’être publiés.

Présidentielle 2023 : des candidats exigent la publication complète des listes électorales

Dans un communiqué publié mardi 31 octobre, six candidats à la présidentielle de décembre accuse la CENI de préparer des élections chaotiques.

Martin Fayulu, Denis Mukwege, Moïse Katumbi, Marie-Josée Ifoku, Seth Kikuni et Franc Diongo exigent des mesures urgentes pour sauver le processus électoral. Dans un communiqué conjoint, les candidats à la magistrature suprême disent avoir constaté des irrégularités dans le processus électoral.

Dans ce document, les six candidats à la présidentielle insistent sur la publication complète des listes électorales, la cartographie des bureaux de vote et la géolocalisation des machines à voter et de l’arrêt de l’instrumentalisation de la justice au pays.

Ils renouvèlent par ailleurs leur engagement à œuvrer ensemble pour empêcher toute manipulation des résultats des votes et demandent une rencontre avec la CENI pour construire le consensus essentiel d’une élection apaisée.

RDC : les opposants Katumbi et Fayulu candidats à la présidentielle

Moïse Katumbi et Martin Fayulu ont officiellement déposé leur candidature mercredi 04 octobre 2023.

Les deux poids lourds de l’opposition de la RDC sont candidats à l’élection présidentielle de décembre. Ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi espère remplacer à la tête de la RDC Félix Tshisekedi. Ses relations conflictuelles avec l’ancien président Joseph Kabila l’avait contraint à l’exil et il n’avait pas réussi à déposer sa candidature.

Pour ce qui est de Martin Fayulu, il s’agit de la candidature d’un homme qui se considère toujours comme le véritable président-élu : il revendique toujours la victoire à l’élection de 2018 et promet de ne rien lâcher, de se battre pour la transparence et la vérité des urnes. Après le dépôt de sa candidature, il affirme, qu’il n’acceptera pas de voir quelqu’un « voler la victoire du peuple ».

Notons que Martin Fayulu et Moïse Katumbi s’étaient rapprochés cette année avant de s’éloigner, à cause de divergences d’approches notamment sur le boycott ou non du processus électoral.